jeudi 19 janvier 2012

SÉMINAIRE "SUBJECTIVATION ET APPAREILLAGE DES CORPS" QUATRIEME ANNÉE (2011-2012)

Pour sa quatrième année, le séminaire de recherche de l'association Coalition Cyborg se tiendra le jeudi,
au CNRS
59/61 rue Pouchet, Paris 18e
de 17h à 19h30

Les dates :
3 - 24 novembre - 8 décembre 2011
9 février - 29 mars 2012
avril et mai à définir


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Jeudi 12 avril 2012 

"Une éthique du désir (Deleuze, Guattari, Haraway relu par Rosi Braïdotti ) est-elle envisageable dans l'espace virtuel ?"
Géraldine Gourbe (philosophe et enseignante-chercheure à l'ESAAA, l'Université de Nanterre-Paris Grand Ouest et Sciences Politiques Paris)

"Écriture au féminin" et hybridité : Pour une approche stylistique et linguistique"
Hélène Barthelmebs (Doctorante en Littérature comparée Université de Haute-Alsace, ILLE)

"Si ceci est un corps"
Présentation d'un projet de création autour de la question : comment les images transforment les corps ?
Nina Negri et Francesca Martinez

Programme des séances passées :
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Jeudi 9 Février

"Du queer au Maroc ? Les enjeux politiques de la littérature marocaine et la question de la sexualité"
Jean Zaganiaris (enseignant-chercheur au CERAM, Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique et la Méditerranée, /Ecole de Gouvernance et d’Economie de Rabat, Maroc):

"Le tissu au Maghreb: un appareillage du corps entre quotidien et création artistique"
Mariem Guellouz (docteure en linguistique et sémiologie de l'Université Paris Descartes)
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Jeudi 8 Décembre 2011
Deux interventions autour de la performance, ce jeudi 8 décembre : de sa muséification (Nathanaël Wadbled) ou de son inscription au sein d'un dispositif de prise de vue (Lorraine Alexandre).

"La présence de l'artiste. Abramovic au MoMA" 
Nathanaël Wadbled (rattaché au département d’études féminines de l’Université Paris8)

« La performance est une carte, une écriture qui se déchiffre dans l'immédiat, dans le présent, dans la situation présente, une confrontation avec le spectateur » La réception et la présence du corps performant est inséparable de la performance. L'œuvre se confond en fait avec l'expérience de son accomplissement, dans une co-présence, en espace- temps réel, du performeur et de son public. Lorsque l'accès direct à ces pratiques n'a pas lieu se pose la question de leurs effets, par exemple et notamment dans leur exposition où elles se donnent à travers des photographies ou des vidéos. Il faut alors évaluer la présence du corps quand justement le corps de l'artiste se fait absent. Ce problème est en fait double. Il est à la fois esthétique et institutionnel. D'un point de vue esthétique, se pose le problème de la distance physique ; d'un point de vue institutionnel se pose le problème de la distance de l'intérêt de l'œuvre. C'est sans doute pour cela que la présence de Marina Abramovic est indispensable lors de la rétrospective que lui a consacrée le MoMa en 2010 d'ailleurs intitulée Artist is présent. À travers une analyse du dispositif muséographie de cette exposition, il s'agit d'interroger la possibilité de reproduire ou d'exposer les performances afin de les rendre accessible au delà du présent de leur présentation. Cela pose en fait la double question du statut ontologique des restes exposés et du fonctionnement du musée. 

"Stratifications artistiques et identitaires à travers le travestissement de genre dans les arts" 
Lorraine Alexandre (docteur en Arts Plastiques - Université Paris 1, Panthéon, Sorbonne)

A partir de ses créations artistiques réalisées avec des modèles travestis de genre et comédiens interprétant des personnages féminins, il s’agit de mettre en avant le déplacement des codes socioculturels du genre proposé par les travestis dans des pratiques scéniques. Nous verrons alors comment le corps vivant se mue en représentation dans un mécanisme qui fait du corps une image, une création de soi. Devenu représentation, le corps peut être perçu et admis au sein d’une structure sociale. La représentation est le mode de compréhension du corps le mieux connu et le plus utilisé. Elle est la création d’un objet, soit parce qu’il s’agit d’une œuvre, un portrait ; soit, parce que le corps se joue comme performance. Le travail présenté utilise un effet tautologique par la création d’un portrait à partir de corps d’artistes du spectacle qui soulignent ainsi la valeur performative du corps. Il s’agit d’un phénomène d’intertextualité voyageant d’un réseau de codes à un autre réseau de codes. Ce travail utilise ainsi la richesse des combinatoires de plusieurs arts, mais aussi des enjeux qu’ils soulèvent. Ici, le déplacement des codes qui organise cette écriture corporelle peut générer un changement des structures sociales et des relations homme / femme. Le travesti possède alors une force politique puisqu’il offre une remise en question des apparences et perturbe les classifications et les normes par leur inversion.
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Jeudi 24 Novembre 2011

Du corps contraint par ses apparats au corps re-présenté par son effluve odorifère, cette séance traitera de l'absence et du masque, de l'extériorisation au moyen d'un dispositif technique (le vêtement, le parfum) et de l'intériorisation simultanée de ce dernier. Le corps comme inappropriable, champ de force d'un double mouvement d'appropriation et d'expropriation (Agamben).

"Sexy cyborg et autres mythologies « coutures »"
Liza Petiteau (doctorante en histoire de l’art - UQAM / chargée de cours à l’école supérieure de mode de Montréal)
Des premiers corsets orthopédiques de maintien du XVIe siècle jusqu’aux créations contemporaines (Mugler, McQueen, Gaultier, Chalayan), le couturier prend le contrôle de la chair comme le sculpteur extrait des formes de la pierre brute. Oscillant entre objets de torture et de séduction, entre assujettissement et fétichisation, le corset de mode participe-t-il d’une déconstruction de la fixité identitaire du sujet contemporain ou n’est-il qu’une pâle copie du mythe du cyborg initié par Haraway? Si le corset est un appareil technologique de contrôle du corps, permet-il un devenir autre de la mode ou réitère-t-il au contraire l’image canonique de la déesse ?

"Essences du corps"
 Emilie Bonnard (doctorante en Design - Université Jean Monnet, St Etienne)

Le parfum permet une exploration du corps en le désincarnant et en jouant sur la symbolique des ses représentations comme le propose Orlan avec ses trois parfums : Sainte Orlan, symbole de la pureté et de la chasteté, Orlan-corps, symbole de la dépravation, et un troisième parfum mélangeant les deux précédents qui résume la position de l'artiste : la femme n'est ni une sainte, ni une prostituée, elle joue avec ces deux représentations extrêmes. Ce n'est pas véritablement le corps qui est en jeu mais ses représentations, l'idée que l'on s'en fait, c'est pourquoi il peut disparaître pour ne laisser que son essence, un extrait de parfum. L'artiste-parfumeur Sissel Tolaas joue également avec les représentations des corps par le parfum, mais ce qui l'intéresse plus particulièrement est la réaction du public sentant ses parfums car grâce à ce médium-média, elle communique ses idées. Ainsi, dans Dirty, l'artiste déplace les odeurs des quartiers défavorisés de Londres pour les diffuser dans les quartiers chics. Elle éveille la conscience des populations aisées à l'égard des populations plus défavorisées qui possèderaient une odeur désagréable comme le suggère son parfum. Le parfum Dirty, symbole d'une classe sociale, transporte les connotations qu'une autre classe sociale porte sur elle, mais elle permet aussi d'observer que plus on monte dans l'échelle sociale, plus les connotations sont mélioratives. Le parfum révèle nos représentations stéréotypées des corps.
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Jeudi 3 Novembre 2011
Compte-rendu d'activité de l'année 2010-2011 et annonce des projets pour l'année à venir, par Nathanaël Wadbled, Etienne-Armand Amato et Lucile Haute

"Bioart, brevet sur le vivant et marchandisation des matériaux corporels"
Marianne Cloutier (Histoire de l'art - UQAM)

Pour cette séance d'ouverture de la quatrième année du séminaire de l'association Coalition Cyborg, nous vous présenterons le positionnement scientifique de l'association et indiquerons les problématiques qui seront traitées tout au long de l'année : Peut-on concevoir et observer la construction d'identités à la fois subjectives et corporelles qui, d'un coté, ne se limitent pas à des formes normales et normatives, et en même temps ne seraient pas la découverte ou le constat d'ontologies toujours déjà là mais au contraire toujours à construire ? Existe-t-il un rapport subjectivant et individuant à la technique et à la technologie, et si oui, comment le caractériser à travers la radicale question du cyborg : s’agit d’un couplage, d’un alliage, d’un mélange contre-nature ? Quelles présentations et représentations de ces identités et de ces hybridations est-elle faite dans et par les arts plastiques, avec leur manière propre de les problématiser ?
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Les séminaires sont retransmis sur livestream.